Choisir le jeu idéal
pour son enfant

Marie Bérubé , psychologue

 

Alors que vous vous demandez peut-être quel jeu offrir à un enfant, il n’est pas inutile de s’arrêter aux intérêts comme aux possibilités des enfants selon leur âge et les grandes étapes de leur développement moteur, intellectuel, affectif et social. Vous pourrez alors lui offrir un éventail de jeux, de jouets et d’activités qui correspondent à ses besoins, ses capacités et aux tâches développementales qui lui incombent.

Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas s’interroger sur ce que sont devenus nos jeux d’enfant lorsque, devenus adultes, nous confrontons parfois sagesse et vie sérieuse...

 

Tout le potentiel créateur est inscrit dans l’énergie du jeu. Toutes les grandes inventions naissent de cerveaux qui laissent la porte ouverte à l’impossible, à l’irrationnel, à la fantaisie, à l’imagination.

Jouer, voilà une activité associée à presque tous les moments de la vie enfantine. Le jeu est en effet reflet et outil du développement de l’enfant. Un père de la psychologie de l’enfant n’a-t-il pas écrit, très pertinemment, que le jeu est le travail de l’enfant ? Il lui tient lieu d’activité, dont d’ailleurs il ne se fatigue jamais.

Le jeu est présent chez tous les mammifères. Les chatons, les jeunes chiots, pour ne citer que ces deux exemples, emploient une grande partie du temps de leur croissance à jouer, que ce soit avec un bout de ficelle, l’ombrage produit par le soleil sur un parquet ou encore à courir inlassablement après leur queue. Il semble que ces activités les préparent à leur vie adulte. Le chaton, par exemple, exerce ainsi ses réflexes en vue de développer des habiletés pour la chasse.

Durant la période de croissance, et plus tard aussi, le temps consacré au jeu revêt une importance capitale chez les petits mammifères et encore davantage chez l’enfant, puisque la période de maturation est très étendue pour l’être humain.

 

     

Qui n’a pas un jour remarqué que, pour le jeune enfant, tout est prétexte à jouer : s’habiller, manger ses céréales ou sa purée de pomme de terre, laver la vaisselle, aider au ménage, imiter, se déguiser, marcher dans les flaques d’eau, prendre un bain, etc.

Le jeu est vraiment plus qu’une manière de passer le temps. Il est tout à fait le travail de l’enfant. Le jeu fait tellement corps avec ses activités, que souvent il ne fait pas la différence entre réalité et fantaisie.

LE JEU : REFLET DU DEVELOPPEMENT

Pour un bon observateur, le jeu est un véritable test du niveau de développement d’un enfant sur les plans moteur, intellectuel, affectif et social. Il témoigne de ses habiletés à tout point de vue, et aussi de ses capacités. Tous les enfants passent par les mêmes stades de développement ; pas tous au même rythme bien sûr, mais ils traversent dans l’ordre les mêmes étapes. C’est donc dire que le jeu change avec l’âge et contribue, en même temps, à faire maturer l’enfant. Si on connaît les grandes étapes du développement moteur, intellectuel, affectif et social, on s’apercevra très facilement que les intérêts comme les possibilités des enfants se manifestent clairement dans le jeu. Et on pourra offrir un éventail de jeux, de jouets et d’activités qui correspondent aux besoins, au capacités et aux tâches développementales qui incombent à l’enfant.

Entre 0 et 2 ans.

L’enfant ne peut pas se représenter des choses (la pensée n’est pas encore possible). Il joue donc de façon très concrète. Manipuler des objets, être stimulé par la couleur, les formes, le bruit, la texture, le mouvement sont donc, non seulement des moyens de découvrir le monde, mais aussi des occasions d’exercer ses yeux, ses mains, ses pieds, de coordonner ses mouvements, de l’inciter à se déplacer, etc. Il excite et exerce ses réflexes. Il se perfectionne et développe sa motricité. Dès qu’il peut marcher, il adore pousser ou tirer de gros objets (comme ces gros canards de plastique munis de grosses roues et de poignées à la place des yeux).

Entre 2 et 6 ans.

L’enfant peut penser. Il est très imaginatif et créateur. Il imite. Il peut imaginer qu’une chose existe alors qu’elle n’existe pas. D’ailleurs, il a de la difficulté à faire la différence entre réel et imaginaire. Pour lui, son toutou préféré est vivant, et d’ailleurs il se confie à lui, lui raconte des histoires. Il joue autant avec son esprit qu’avec son corps. Toutes les fantaisies lui sont permises. Il est très peu important qu’un jouet soit conforme à la réalité. Une boîte de papiers mouchoirs peut très bien devenir un camion, un tube de carton un instrument de musique. Il invente constamment. Il commence à faire semblant et à jouer des rôles. Par exemple, il peut prendre l’identité de Superman, d’un policier, d’une maman, activités simples qui seront davantage élaborées plus tard. (Pensons au futur chat chasseur, qui court après la boule de laine.)

Tous les accessoires qui lui permettent d’entrer davantage dans la peau des personnages qu’il imite peuvent être une bonne source d’amusement : poupées, carrosses, costumes, camions, jeux de blocs, etc. Comme, il en est encore à perfectionner ses habiletés motrices, et à préparer ses doigts à la motricité fine, il a encore besoin d’activités qui lui permettent d’exciter ses sens et d’acquérir des habiletés : casse-tête avec gros morceaux colorés, ciseaux, crayons, premiers jeux de société, etc.

Entre 7 et 12–13 ans.

L’enfant devient plus réaliste. Il peut raisonner en tenant compte de beaucoup de variables à la fois, de plusieurs points de vue. Il peut facilement suivre un plan pour construire un prototype ou comprendre les règles des jeux de stratégie. Au dessin, il se plaît à reproduire la réalité le plus fidèlement possible. Par exemple, il dessinera la maison en trois dimensions, avec un point de fuite. Les personnages pourront être reproduits vus de profil avec beaucoup de détails.

À l’adolescence, et plus tard.

Les jeux se transformeront encore. Souvent, c’est dans le sport ou les arts que seront investies les énergies des jeunes. Les jeux d’ordinateurs seront souvent les favoris de plusieurs, alors que les activités créatrices intéresseront les autres.

 

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